L’Homo Numericus va-t-il supplanter l’Homo Oeconomicus ?

Bien sûr ! Homo numericus et homo economicus sont deux concepts qui représentent des types idéalisés de comportements humains dans des domaines spécifiques.

Homo numericus se réfère à un individu dont le comportement est principalement influencé par les technologies numériques et l’accès à l’information. Cela inclut l’utilisation intensive des technologies de l’information et de la communication, l’interaction avec les médias sociaux, la recherche en ligne, etc. Homo numericus est souvent associé à la génération actuelle qui est née et a grandi à l’ère numérique. Ces individus sont généralement très connectés, accèdent à une grande quantité d’informations et utilisent activement les technologies numériques dans leur vie quotidienne.

D’autre part, homo economicus est un concept utilisé en économie pour décrire un agent rationnel qui prend des décisions en fonction d’une maximisation de son utilité ou de son profit personnel. Selon la théorie économique classique, l’homo economicus est motivé par ses propres intérêts égoïstes et prend des décisions de manière parfaitement rationnelle en utilisant toutes les informations disponibles. Il est supposé être dénué d’émotions, de biais cognitifs et de considérations sociales.

La principale différence entre homo numericus et homo economicus réside dans le domaine d’application de chaque concept. Homo numericus se concentre sur le comportement des individus dans le monde numérique, tandis qu’homo economicus se concentre sur le comportement économique et les décisions liées à l’utilité et aux profits.

Cependant, il est important de noter que ces concepts sont des idéalisations simplifiées et ne représentent pas nécessairement la réalité complexe du comportement humain. Les individus réels peuvent avoir des motivations multiples, des biais cognitifs et des influences sociales qui affectent leurs décisions, à la fois dans le monde numérique et dans le domaine économique.

Partant du constat que l’on parle de plus en plus de « smart cities » recourant à un réseau toujours plus puissant d’infrastructures et de services numériques, dits intelligents, les questions sous-jacentes à notre table ronde sont les suivantes: «ville intelligente»: promesse ou utopie? Mirage du marketing urbain ou véritable promesse de renouveau et d’efficacité? Solution à un ensemble de problèmes anciens et nouveaux ou bien ensemble de solutions techniques en quête de marchés et de problèmes à résoudre ?

Bien entendu, si le thème global de cette conférence est l’Homo Numéricus c’est bien parce que l’Homme est au centre de ces « smart cities ». Ce n’est pas la ville qui est elle-même intelligente, ce sont d’abord ses habitants, ses élus, son administration, ses entreprises. L’intelligence des villes est avant tout l’intelligence des hommes et des femmes qui la composent.

En tant qu’économiste, j’y aborderai les questions des nouveaux systèmes d’innovations, des nouveaux ‘business models ‘, de la transformation des métiers et des usages, mais je suis aussi interpellée par l’émergence de cet Homo Numericus qui viendrait supplanter l’Homo Oeconomicus régnant depuis des décennies sur nos sociétés.

Il s’agit peut-être d’une bonne nouvelle à condition que l’Homo Numericus soit moins désincarné que son bientôt prédécesseur. En d’autres termes, on ne doit pas perdre de vue, au moment où les anciens repères de nos sociétés se brouillent dans le processus de transition vers un monde numérique, que celui-ci n’est pas une fin en soi mais un moyen pour répondre aux nouveaux défis auxquels est confrontée l’humanité, en d’autres termes, un moyen d’accéder à un développement durable.