J’ai participé, pour le CNAM, à la conférence internationale sur la mobilité durable qui s’est tenue à Rabat le 20 septembre dernier.
Cet évènement, qui a rassemblé plus de 200 participants, était à l’initiative de la Société Nationale des Autoroutes du Maroc, acteur majeur de l’aménagement du territoire et du développement en plein essor de ce pays et représentant 130 000 emplois. Il avait pour objectif principal de restituer des messages et propositions afin de mobiliser les acteurs politiques, institutionnels, techniques et scientifiques pour que la mobilité durable ait un espace important pendant la COP 22, à Marrakech en novembre prochain.
Le Maroc un acteur de la mobilité durable
Cet aspect est d’autant plus important, qu’il a bien été rappelé par le président du Comité scientifique de la COP 22 (Nizar Baraka), lors de la séance d’ouverture, que cette COP s’inscrit dans une mise en action des décisions diplomatiques et politiques prises lors de la COP21. Il s’agissait aussi d’une opportunité pour expliquer toutes les avancées réalisées par le Maroc, en faveur de la lutte contre le changement climatique dans le secteur de la mobilité et de sensibiliser les décideurs sur l’importance de la prise en compte des contraintes de la mobilité durable au Maroc. À cette occasion, le ministre de l’équipement, du transport et de la logistique marocain (Aziz Rabah) n’a pas hésité à insister sur le fait que le changement climatique est le seul vrai défi du 21ème siècle pour l’ensemble de l’humanité. Bien sûr, il a été rappelé que le secteur transport est aujourd’hui l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, aux côtés des secteurs de la construction et de l’énergie. Cela étant l’opportunité économique, représentée par les mesures d’atténuation a été discutée par plusieurs intervenants. Le Maroc est en effet un pays qui bénéficient de nombreux ingénieurs dont les formations désormais intègrent, de façon pluridisciplinaire et ouvertes, les enjeux du changement climatique. Ces ingénieurs marocains ont de ce fait un marché très vaste sur tout le continent africain.
Beaucoup de professionnels à haut niveau participaient à cet évènement, en plus des institutionnels nationaux ou internationaux et politiques de divers pays africains et européens, ex : le président du comité scientifique de la COP 22, le Ministre des infrastructures du Burkina Faso, le président des autoroutes du Maroc, Colas, PSA, la compagnie des transports marocains, la banque africaine de développement, la banque islamique de développement, La banque mondiale, le Ministère de l’équipement, du transport et de la logistique, , les autoroutes du Maroc, Global Nexus, International Road Federation, Cegelec, l’INRA, etc…
Plusieurs tables rondes se sont succédées au cours de cette journée très dense autour des thématiques suivantes :
- L’impact des changements climatiques sur l’infrastructure autoroutière.
- La multi modalité et la mobilité électrique : complémentarité entre les différents modes de transport pour une mobilité durable.
- Les mécanismes de financement dédiés aux infrastructures routières pour la lutte contre les effets des changements climatiques.
- Energie, Eau et végétation dans la planification et la gestion de l’infrastructure de transport.
- Les technologies de la formation au service de la mobilité. Comment peuvent-elles améliorer les performances et la sécurité du transport routier.
Innovations durables, compétitivité, emplois et éducation
Je suis intervenue lors de la dernière table ronde. J’y ai fait une présentation sur les enjeux en termes de compétitivité et surtout d’emplois (création et destructions) des innovations en cours en matière de mobilité en insistant sur les besoins en compétences et de formations tout au long de la vie. Puis j’ai donné les exemples de formations, certificats, MOOC, actions de recherches au sein du CNAM sur cette question. De même les partenariats existants du CNAM sur ces projets avec d’autres pays africains ont été discutés.
Je vous propose de revenir sur quelques points saillants présentés et/ou discutés durant cette conférence. Tout d’abord, l’engagement du Maroc en matière d’actions concrètes et innovantes est clairement apparu ainsi que les différents partenariats, nationaux et internationaux qui y sont menés sur tous les aspects de la mobilité durable, même si la question des services à la mobilité y est encore peu développée.
Plusieurs intervenants ont rappelé, avec des images à l’appui, combien le changement climatique coûte déjà au Maroc en matière de destruction ou de dégradation des infrastructures de transport, et cela, au moment où le Maroc mène une grande politique de construction d’autoroutes pour moderniser le pays. C’est pourquoi des innovations sont en cours de développement et même parfois de déploiement, tant dans une approche d’adaptation au changement climatique pour construire des infrastructures capables de résister aux pires intempéries; que dans une une logique d’atténuation en proposant des infrastructures peu émettrices de gaz à effet de serre et même, prochainement, des routes productrices d’énergie solaire, comme cela a été annoncé durant cet évènement.
De même le Maroc est très investi dans le véhicule électrique et dans les énergies et plus largement les matériaux verts. Enfin la question de la nécessité d’un prix carbone suffisamment significatif comme incitation au déploiement de toutes ces innovations en faveur de la mobilité durable a été débattue. Nul doute que ce point constituera une pierre angulaire de la COP 22.
Un tel prix permettrait aux différents mécanises de financement dédiés au changement climatique d’être plus efficaces et surtout plus conséquents. Cela étant, il a été rappelé, par exemple, que la Banque Européenne d’investissement a investi 20 milliards d’euros dans le monde dans la lutte contre la changement climatique avec une proportion non négligeable accordée à la mobilité durable et dans les pays méditerranéens. A titre d’exemple le tramway de Rabat a été financé à 100% par la BEI. Les enjeux du fond vert dont les besoins sont estimés à 100 milliards ont été aussi au centre des débats.
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