Le 19 octobre dernier, le magazine le Point titrait « alerte à la fraude scientifique » , à la suite de la publication de l’ouvrage de Nicolas Chevassus-au-Louis « Malscience, de la fraude dans les labos » au Seuil. Le grand public découvrait alors un sujet qui monte en puissance depuis plusieurs années, au point de donner lieu à des conférences mondiales sur le thème Research Integrity (comme celle qui aura lieu à Amsterdam en mai 2017 ). Ces événements sont autant d’occasions pour interpeler la Commission Européenne, le plus important bailleur de fonds de la recherche et de l’innovation des laboratoires en Europe.
Celle-ci a ainsi retenu notre projet DEFORM Define the Global and financial impact Of Research Misconduct, dont j’assure la co-responsabilité scientifique au sein de H2020-GARRI-2014-15.
Dans ce cadre, nous organisons un workshop international les 30 et 31 janvier 2017 sur le thème « Integrity on Science. Societal Costs of Research Misconduct ».
Nous considérons que la mauvaise pratique de recherche peut prendre plusieurs formes et que la fraude en constitue l’aspect le plus visible. UK’s Medical Research Council (MRC) en propose la definition suivante :
”The fabrication, falsification, plagiarism or deception in proposing, carrying out or reporting results of research or deliberate, dangerous or negligent deviations from accepted practices in carrying out research. It includes failure to follow established protocols, (…)facilitating of misconduct in research by collusion in, or concealment of, risks by others. It also includes intentional, unauthorised use, disclosure or removal of, or damage to, research-related property of another, including apparatus, materials, writings or devices used in or produced by the conduct of research.”
C’est celle qui guide nos travaux.
Interviendra, dans notre workshop, plus d’une vingtaine d’experts et de chercheurs de premier plan et issus de divers domaines (économie, sociologie, finance, gestion, statistiques et économétrie, éthique…), en plus des membres de notre consortium européen, sur des perspectives théoriques, des méthodes, des expériences empiriques de mauvaises pratiques de recherche. L’objectif consiste à établir des grilles d’analyse et des méthodes communes d’évaluation, à déterminer les avantages et les limites des différentes approches d’évaluation des coûts sociétaux et des conséquences liées aux mauvaises pratiques de recherche. Pour plus de détail, je vous invite à consulter le programme du workshop.
Les enjeux ne sont pas négligeables car au moment où nos sociétés vivent une transition guidées par des ruptures d’innovation majeures (digitales, bio-médicales, énergétiques, etc…), la recherche y joue le rôle déterminant. Et si on parle de plus en plus d’innovation responsable , il importe alors de s’interroger sur la responsabilité de ce qui en amont de l’innovation. En d’autres termes sur la responsabilité de la recherche, ou plus exactement sur l’intégrité de la science.
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