Les enjeux de la COP 22 pour l’Afrique : deux rendez vous importants en octobre à Rabat et en novembre à Lomé

Mobilité Durable - projet pour des autoroutes "solaires" au Maroc
Mobilité Durable – projet pour des autoroutes « solaires » au Maroc

 

Moins d’un an après la mobilisation exceptionnelle lors de la COP 21 de décembre 2015, l’Accord de Paris entrera en vigueur le 4 novembre 2016. C’est la première fois qu’un texte international fait l’objet d’une adhésion aussi massive et aussi rapide. Cet accord laisse à chaque pays la responsabilité de définir ses propres objectifs et d’inventer ses propres instruments d’application. Cette situation présente des risques, mais elle offre aussi une opportunité d’expérimentation inédite et rend visible l’engagement de chaque pays.

Des pays Africains précurseurs sur la réduction des émissions de GES

Or nombre de pays africains et sud-méditerranéens, particulièrement touchés par les impacts du changement climatique, se sont inscrits dans cette dynamique mondiale. Rappelons que le Maroc a été l’un des premiers pays à fournir ses engagements volontaires avant la COP 21, engagements d’ailleurs ambitieux puisqu’il s’agit d’une baisse de 32% de ses émissions de GES à l’horizon 2030.

Pour ce faire, des stratégies d’atténuation sont déployées, par le biais d’éco-innovations majeures pour les principaux secteurs émetteurs de GES comme l’énergie, la construction et le transport. Des mesures d’adaptation ont également été prises en faveur des secteurs sensibles comme l’agriculture, l’eau, le littoral ou encore le tourisme. La Tunisie s’est fixée pour objectif de réduire son intensité carbone en 2030 de 13 % par rapport à l’année de base 2010 et de 41% avec un appui international. La Mauritanie se propose de baisser ses émissions de GES prévue en 2030 de 22,3%, soit 4.2 Millions de tonnes équivalent dioxyde de carbone (Mt eq CO2).

Mais aussi sur la mobilité urbaine

En Afrique de l’Ouest, c’est la question de la mobilité urbaine qui est au centre des préoccupations au point que, face aux demandes croissantes de compétences en matière de mobilité durable dans cette région du monde, l’Université Senghor, la CODATU (Coopération pour le Développement et l’Amélioration des Transports Urbains et Périurbains)  et le CNAM sont à l’initiative pour la deuxième année consécutive du Master de niveau 2 sur le sujet « Transport et mobilité durable dans les villes africaines ».

Cette formation, dans le cadre de laquelle je suis responsable du module de 20h « Environnement, Transport et innovation » (qui aura lieu du 28 au 30 novembre prochain), est coordonnée par l’École Africaine des Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme (EAMAU) à Lomé (Togo). Elle s’adresse aux cadres des entreprises et administrations africaines impliquées dans le transport urbain ainsi qu’aux jeunes professionnels qui souhaitent se perfectionner sur les questions de mobilité durable et intelligente.

L’Afrique semble donc prête à s’orienter vers une croissance verte. L’évolution des infrastructures et des technologies en énergie renouvelable au cours de la dernière décennie, associée avec les ressources naturelles immenses du continent, offre une excellente occasion de « décarboner »  les économies de l’Afrique. À titre d’exemple (mais il y en a beaucoup d’autres), au Maroc,  le nouveau Plan d’accélération industrielle (2014-2020) vise à améliorer la productivité et la compétitivité des entreprises, particulièrement des PME, et soutenir l’intégration graduelle des TPE dans des filières vertes.

Dépasser les limites financières de cette transition

Mais certains s’interrogent sur le coût de la mise en œuvre de l’accord de Paris pour les pays africains, sur son impact sur leur développement et encore davantage sur leur capacité de financement.

Le cadre mondial d’échanges qu’offre l’OMC se prête t-il aux choix des pays africains et, plus largement des PED, de produire vert et donc de découpler croissance économique et dégradation environnementale ?  C’est à cette vaste problématique qu’a choisi de s’atteler la dixième Edition du Colloque International de Rabat (précédemment Colloque Méditerranéen), qui va se tenir du 27 au 29 Octobre 2016, au moment où Marrakech s’apprête à accueillir la COP 22.

Je participerai à ce colloque international, intitulé « Commerce, Investissement et Développement Durable », qui se déroulera à l’université Mohammed V de Rabat, par le biais d’une conférence avec ma collègue Isabelle Nicolaï, professeur à l’université Paris-Saclay, sur le thème suivant « les enjeux de la smart city pour le développement durable du Maroc ».

Mai beaucoup d’autres sujets y seront traités, dont certains sont majeurs pour la réussite de la phase de l’Action de l’Accord de Paris que doit ouvrir la COP 22, comme vous pouvez le constater en consultant le programme de cet évènement.