Une crise de confiance vis-à-vis, non seulement des institutions démocratiques, mais aussi de la science mine aujourd’hui nos sociétés occidentales et constitue, par là même, une menace sur la mise en œuvre de politiques de développement durable.
En effet, l’innovation et donc les avancées en matière de recherche ainsi que la gouvernance participative constituent les moteurs du développement durable. La question est devenue si cruciale que partout désormais l’intégrité scientifique et politique est au cœur de réflexions et de débats. C’est notamment le cas au niveau européen et en France.
Le projet européen DEFORM Define the Global and financial impact Of Research Misconduct, dont j’assure la co-responsabilité scientifique au sein de H2020-GARRI-2014-15 et sur lequel j’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer au cours de ce blog, traite cette question du point de vue économique. Nous avions d’ailleurs organisé, dans ce cadre, un workshop international les 30 et 31 janvier dernier, sur le thème Integrity on Science. Societal Costs of Research Misconduct.
Dans ce sillage, nous avons lancé un appel à publications (call for papers) pour un numéro spécial de la revue International Journal for Sustainable Developement, dont je suis éditrice en chef. Cet appel à publications est encore ouvert pour quelques semaines et paraîtra fin 2018. Pour plus d’informations vous pouvez consulter le détail de ce numéro spécial intitulé « Integrity & Quality in Science ».
Il existe une piste pertinente pour dépasser cette crise de confiance et qui n’est pas celle de la réglementation à outrance vers laquelle certains semblent vouloir tomber au risque d’assécher toute source de créativité et donc d’innovations. Cette piste est celle qu’avaient proposée les tenants de la Science Post Normale, dont les pères fondateurs sont J.Ravetz et S.Funtowicz, au tout début des années 1990. Dans les années 2000, une vision réductionniste du Développement Durable ayant pris le pas, la science post-normale, comme d’ailleurs l’économie écologique, avec qui des liens étroits existent, avait été marginalisée.
Aujourd’hui, face à cette crise de confiance, la dimension sociétale du Développement Durable étant à nouveau convoquée, la Science Post-Normale retrouve ses lettres de noblesse. Les approches relevant de cette dernière touchent directement les questions de politiques à l’interface science/société caractérisées par l’incertitude et la complexité, incluant une pluralité de perspectives légitimes. Elles proposent une grande diversité de méthodes et d’outils de gouvernance participative notamment pour la science, la recherche et l’innovation.
Le meilleur exemple de ce regain d’intérêt est sans conteste l’initiative prise par l’International Centre for Ethics in the Sciences and Humanities de l’Université de Tubingen (Alte Aula”, Münzgasse 30, Tübingen, Germany) qui organise les 25/26 Septembre prochains un symposium international intitulé « Post- Truth and a crisis of Trust ? Perspectives from post-normal Science and Extended Citize Participation » où les voies offertes par la science post normale seront largement explorées ;
Il s’agit sans conteste d’un évènement à ne pas manquer et dont le programme est disponible en ligne.