Quelle expérience apprenante pour tous en 2021 ?
En janvier je vous annonçais dans ce blog la tenue d’un colloque international sur les grandes tendances Ă venir de l’expĂ©rience apprenante Ă lâinitiative dâINSEEC U Research Center que jâai le plaisir de diriger. Cet Ă©vĂ©nement fut trĂšs riches tant dans ses contenus que dans les interactions qu’il a permises et vous pourrez prendre connaissance de l’essentiel des dĂ©bats dans ce rapport (en anglais) ainsi que les replay des sessions disponibles sur Youtube.
Poser la question de l’expĂ©rience apprenante n’est pas triviale alors que nous vivons une pĂ©riode toujours inĂ©dite quant Ă la crise sanitaire. Jamais auparavant les organisations dĂ©livrant de la formation n’ont Ă©tĂ© autant contraintes de revoir ou d’ajuster leurs modalitĂ©s pĂ©dagogiques pour pouvoir rĂ©pondre Ă de nouveaux challenges liĂ©s, notamment, Ă l’enseignement Ă distance. Je vous propose donc dans une logique de rĂ©sumĂ© en français de mettre l’accent sur principaux enseignements de ces rencontres internationales.
Que signifie apprendre en 2021 ?
C’est dans la keynote extrĂȘmement suivi de François Taddei, directeur du CRI que nous pourrons identifier quelques rĂ©ponses. Tous les enseignants et les formateurs l’ont constatĂ© au fur et Ă mesure que les mois ont passĂ©s, l’enseignement en « mode covid » a Ă©moussĂ© la motivation des apprenants. Nous avons tous essayĂ© de mettre les apprenants en capacitĂ© de rester actif et maĂźtre de leurs apprentissages alors que nous dĂ©ployons de nouvelles modalitĂ©s pĂ©dagogiques. Nous avons tous travaillĂ© d’arrache pieds pour mieux maĂźtriser les outils et plateformes d’enseignements Ă distance. Le dĂ©fi majeur reste celui du maintien de l’attention pour favoriser l’ancrage mĂ©moriel au sein d’une sĂ©quence pĂ©dagogique dans un environnement oĂč les interactions avec les Ă©tudiants ne sont pas aussi Ă©videntes que dans une classe physique.
Afin de faciliter l’empowerement, l’encacapacitation des apprenants, François Taddei a dĂ©veloppĂ© le concept d’IKIGAI , une maniĂšre d’ĂȘtre plus focalisĂ© sur l’Ă©panouissement personnel vs la simple transmission de connaissances, de compĂ©tences. Pour François Taddei c’est en encapacitant les jeunes notamment sur leurs aptitudes Ă apprendre que nous pourrons utiliser tous les leviers de collaborations : les sciences, l’Ă©ducation, et mĂȘme l’intelligence artificielle et les rĂ©seaux sociaux. C’est cette ouverture qui leur permettra de trouver leur place dans un monde multi polaire, parfois plus complexe et oĂč la transformation des emplois nous impose de rĂ©flĂ©chir en amont sur ce que nous enseignons, sur la maniĂšre dont nous formons les apprenants aujourd’hui.
Quel modĂšle « plateforme » pour l’enseignement supĂ©rieur ?
L’Ă©pidĂ©mie de covid-19 nous a amenĂ©s Ă accĂ©lĂ©rer la façon dont nous apprĂ©hendons l’ensemble de nos pratiques pĂ©dagogiques. Les organisations les plus agiles ont en profitĂ© et dans une logique de laboratoire ont pu tester de nombreuses modalitĂ©s hybride ou dite encore « HyFlex » pour hybride et flexible.
Le vrai challenge consiste Ă dĂ©finir ce que pourrait ĂȘtre le modĂšle d’organisation (mais aussi le modĂšle Ă©conomique) post-covid pour les Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieur au cours des annĂ©es Ă venir. Il est communĂ©ment admis que nos Ă©coles, nos universitĂ©s sont dĂ©sormais des plateformes (education as a platform) mais dans une logique d’inclusion plus forte des parties prenantes de ces organisations, comment transiter vers un modĂšle soutenable de plateforme ?
Bien sĂ»r nous devons transformer nos enseignements, mais plus que tout nous devons aussi passer d’un fonctionnement centrĂ©e sur la dĂ©livrance immĂ©diate de la formation Ă une logique de soutenabilitĂ© et cela dĂšs la formation initiale des apprenants. Cette plateforme soutenable devra aussi ĂȘtre capable de maintenir des liens personnalisĂ©s et Ă distance avec et entre la communautĂ© des diplĂŽmĂ©s; et cela et dans une acception de life long learning. Pour cela il ne faut pas minorer l’importance qu’auront les systĂšmes d’informations dans cette logique de soutenabilitĂ©. On devine que les outils de personnalisation d’un modĂšle relationnel soutenable ne sont pas forcĂ©ment ceux du gestionnaire. Si nous accordons, dans les annĂ©es Ă venir, la prioritĂ© Ă la personnalisation de la relation nous devrons envisager que le coeur de nos systĂšmes d’informations soit dĂ©diĂ© prioritairement Ă la relation avec l’usager.
Cela permettra Ă la fois de contribuer au sentiment de communautĂ© et Ă l’encapacitation des Ă©tudiants. Tout cela ne va pas sans une montĂ©e en compĂ©tences de l’ensemble des personnels de ces organisations. C’est le seul moyen de pouvoir nous appliquer le concept de Think outside the box que le professeur Martin O’Connor formule Ă sa maniĂšre en parlant de Build out of normal programme.
D’un point de vue pratique il nous faudra privilĂ©gier les approches multi-modales pour la dĂ©livrance de contenus pĂ©dagogiques pour l’usager final. Toutes les modalitĂ©s hybride, synchrone ou asyncrhone, de « classe inversĂ©e » permettront l’encapacitation des acteurs et les Ă©tudiants en prioritĂ© pour mieux les associer Ă la construction de leur formation mais aussi Ă la matrice de la dĂ©cision.
Je vous invite de nouveau Ă consulter l’ensemble du compte rendu de ce sĂ©minaire en ligne ou encore Ă consulter les vidĂ©os en ligne des diffĂ©rentes sessions. Dans cette mise en perspective je ne reviens sur les questions de la place que pourra avoir l’intelligence artificielle dans les modĂšles d’enseignement car j’y consacrerai prochainement un billet.
Toutes les illustrations de ce billet sont de Cyril MaĂźtre (apprendre-vite-et-bien.com)