Le modèle africain de l’économie positive : une application dans le domaine de la mode sur fond d’upcycling avec Gambela Market

Dans ce blog, je mets régulièrement à l’honneur l’innovation et l’entrepreneuriat. Ces deux sujets je les porte depuis plus de 20 ans, au travers de programmes spécifiques comme les Ambitieuses (une initiative INSEEC U en partenariat avec La Ruche) avec une attention particulière sur le fait d’entreprendre au féminin. Même si la situation s’améliore de ce côté, créer sa structure lorsque vous êtes une femme reste un défi majeur.  Je vous propose de prendre connaissance aujourd’hui d’une initiative qui a attiré mon attention à plus d’un titre. D’abord parce qu’il s’agit d’une création ex-nihilo d’une activité par une femme, ensuite parce que ce beau projet s’appuie sur les logiques de l’économie circulaire et plus précisément de l’upcycling, ou surcyclage dont le but est de récupérer des matériaux ou des produits dont on n’a plus l’usage pour les transformer en un autre produit d’une gamme supérieur. J’avais déjà pu constater cette tendance de fond, aussi je vous propose de prendre connaissance de Gambela Market, via une interview de sa fondatrice Aude Renoud-Tsasa, qui a su conjuguer entrepreneuriat, innovation et économie circulaire et qui aura su s’inspirer de nombreuses expériences en Afrique où l’entrepreneuriat à économie positive est en plein essor. 

Gambela Market est né d’une envie d’agir à mon niveau et de m’investir dans un projet avec du sens. C’est en fait la rencontre entre mes convictions personnelles et mon histoire. 

1 / Comment avez-vous eu l’idée de Gambela Market ?

Le scandale du Rana Plaza, la croissance de la fast fashion et de ses conséquences… Autant de mauvaises nouvelles que nous voyons de plus en plus dans les médias. Je m’interrogeais : jusqu’à quand allons-nous produire et consommer de la sorte ? Et surtout comment contribuer à ma manière à changer les choses ? Tout d’abord en changeant mes modes de consommation et en éduquant mes filles à consommer différemment. 

Mais je voulais aller plus loin : proposer une marque de mode responsable. Et le choix du wax (tissu africain) a été assez naturel car lié à mon histoire, à mes voyages…

En effet, le continent africain m’a toujours fasciné, j’ai même eu la chance de vivre durant 2 ans à Djibouti quand j’étais enfant. J’ai toujours beaucoup voyagé et aimé découvrir de nouvelles cultures. Et depuis maintenant plus de 10 ans, le wax et l’Afrique font partie de ma vie puisque mon mari est congolais et que nous élevons nos enfants avec la double-culture. Il était donc important pour moi, de montrer mon attachement à ce pays et c’est tout simplement comme cela qu’est venu le nom de la marque. 

2/ qu’est-ce qui vous a poussé à monter votre propre structure ? 

Déjà étudiante, je voulais créer, contribuer et entreprendre. Mais il m’aura fallu plus de 10 ans d’expérience dans le salariat pour oser me lancer. Sans doute le besoin d’un nouveau challenge, l’envie de prendre des risques car qui ne risque rien n’a rien et surtout l’envie de faire les choses pour moi et comme je le voulais. J’aurai en effet pu m’investir dans un projet au sein d’une entreprise mais cela n’aurait pas été la même chose. Je voulais créer un projet qui ait un impact et du sens pour moi et pour ceux qui m’entourent. Laisser une trace et faire bouger les lignes. 

On parle en effet aujourd’hui beaucoup de consommation responsable mais je me rends compte chaque jour que notre rôle, celui des marques engagées, est aussi d’éduquer les consommateurs et de leur faire ouvrir les yeux sur la manière dont ils consomment aujourd’hui et l’impact de cette consommation sur l’environnement et notre planète. La jeune génération est aujourd’hui convaincue que nous devons effectuer un changement dans notre manière de consommer mais il est parfois difficile pour certaines personnes de bien décrypter ce qui signifie consommer de manière responsable.

3/ Le soutenable sur base d’économie circulaire et d’upcycling. Était-ce une évidence ou quelque chose qui s’est imposé à vous ? 

Lorsque j’ai décidé de lancer ma marque de mode, il était évident que celle-ci devait être responsable et je voulais également mettre en avant le wax et son histoire. 

Je me suis donc posée des questions sur les modes de production mais également sur la consommation du Wax en France. Fréquentant de manière très régulière les boutiques de couturiers à Château Rouge, je me suis interrogée sur ce qui était fait de la matière première restante. Le wax est en effet vendu en très grande quantité (6 à 12 yards) et les couturiers pour la plupart reproduisent des modèles et ne créent pas les leurs. Ils ne font donc souvent rien des chutes de tissus une fois le modèle commandé confectionné. C’est donc tout naturellement que je me suis tournée vers l’upcycling

Le principe est simple : transformer des matériaux ou des produits dont nous n’avons plus l’usage (chutes de wax, surplus de stock, bijoux cassés, vêtements ou linges de maison prêt à être jetés, vêtements de seconde main…) pour leur redonner vie en les transformants en bijoux, pochettes, accessoires pour cheveux, sweats, t-shirts customisés… Parier sur les chutes de tissus et surplus de stock pour créer de nouveaux produits tendances, c’est l’engagement de consommer de manière plus responsable. 

Le chemin n’a pas été facile et il m’a fallu une année pour concevoir une collection permanente reposant sur ce principe et je propose tout au long de l’année des collections capsules en édition très limitée en fonction de la matière première que je trouve. J’ai notamment développé une collection de vestes en Jean de seconde main customisées avec des chutes de Wax. Et pour Noël, je propose 4 box responsables en précommande sur la plateforme Ulule. Cuisine, beauté et mode, il y en a pour tous les goûts et tous les budgets. Le petit plus, la box est prête à être déposée sous le sapin grâce à son pochon cadeau en coton. 

Aude Renaud-Tsasa, la fondatrice de Gambela Market

4 / Entreprendre au Féminin en France, c’est possible ? 

Entreprendre n’est pas toujours facile et je pense que cela vaut aussi bien en France que dans d’autres pays. On se met souvent des barrières qui nous sont propres et qui nous empêchent de nous lancer : trop risqué, est-ce que je vais y arriver ?…

Mais je crois que si l’on a toujours eu dans le coin de sa tête l’envie de se lancer, cela se fera un jour. Il faut un déclic, une envie de changement pour commencer une belle aventure entrepreneuriale. La France regorge de pépites entrepreneuriales qui doivent nous encourager au quotidien à nous lancer. 

Entreprendre ce n’est pas un long fleuve tranquille et parfois une aventure solitaire mais pourquoi se limiter, pourquoi ne pas imaginer quelque chose de grand (ou de moins grand) et qui nous permette de nous épanouir professionnellement parlant. Dans l’entrepreneuriat, je crois que ce qui me plait le plus c’est d’être multi casquettes et de pouvoir me surpasser chaque jour en apprenant constamment mais aussi de pouvoir organiser mes journées et ma vie personnelle et professionnelle comme je le souhaite. Pour moi Entreprendre au Féminin c’est pouvoir m’épanouir professionnellement parlant tout en pouvant être présent pour ma famille (ce qui implique parfois quelques nuits blanches pour pouvoir être disponible certains jours pour les enfants). 

Pour en savoir plus : https://gambela-market.com/

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