Face aux défis que pose la génération climat, quel rôle pour l’innovation ?

CCBY Sonia Mertens via Pixabay

Les récents événements climatiques : une situation d’urgence absolue uniquement pour les jeunes générations ?

Ce blog a eu comme inspiration initiale de pouvoir mettre en avant la capacité d’innovation de nos sociétés (et pas seulement occidentales !) pour répondre aux défis du Développement Durable. 

Les enjeux liés à la transition écologique n’ont jamais été aussi prégnants. Aucune personne sensée aujourd’hui ne peut sérieusement mettre en doute l’évolution significative du dérèglement climatique ni du rôle des activités humaines sur celle-ci. Les travaux des climatologues du GIEC, dont Jean Jouzel se fait le porte parole en France, viennent corroborer scientifiquement ce que nous constatons tous d’un point de vue empirique.

Les récents événements en Australie où des pluies torrentielles succèdent à une grande période de sécheresse jalonnée de graves incendies, l’année 2019 comme la plus chaude jamais enregistrée sont autant de phénomènes qui posent question.

Des questions auxquelles la génération climat nous demande de répondre, prioritairement et en actes. À ce stade, une précision qui me semble importante à une période où la vision manichéenne et simpliste prend de plus en plus le dessus : la génération climat n’et pas l’apanage des plus jeunes. Une étude récente de l’Institut ViaVoice, traitant notamment de la vision des français quant à l’économie circulaire, montre que les plus à même d’en comprendre la signification et de mettre en accord leur comportement avec les solutions qui en découlent sont les plus âgés….c ‘est-à-dire au delà de 50 ans !

La frugalité comme seul moyen d’action ? 

Face à cette anxiété climatique et plus globalement quant à l’avenir du monde on voit se développer plusieurs courants de pensée, faisant tous plus ou moins appel à un modèle de décroissance et de frugalité. Si cette approche n’est pas vraiment nouvelle si l’on se remémore les tenants de la croissance zéro dans le sillage du Club de Rome qui, dans les années 1970 publiait un ouvrage au titre prémonitoire (“Les limites de la croissance”) ou de la  soutenabilité forte des années 1990 avec des débats importants au sein de l’Ecological Economics. Ce qui est nouveau c’est son ampleur et sa propagation dans la société bien au delà des cercles académiques et politiques.

Les prises de paroles de Greta Thunberg pour le climat ou celles d’extinction rebellion nous proposent une économie de moyens parfois extrême.

Je les comprends parfaitement, au regard de la non durabilité de nos modes de production et de vie actuels ; modes que j’ai largement interrogés dans mes travaux sur le développement durable depuis la fin des années 1980 et dans ce blog à propos des transitions sociétales (en particulier en ce qui concerne les compétences) et énergétiques. Si leur remise en question est légitime, il ne faut pas pour autant, me semble t-il sombrer dans une vision  apocalyptique ou du déclin. Oui il y a lieu de s’inquiéter, si l’on en croit encore les toutes dernières prévisions de l’Institut Britannique de Météorologie selon lesquelles la concentration de CO2 dans l’atmosphère devrait augmenter cette année à un rythme pratiquement sans précédent depuis le début des mesures en 1958 du fait notamment des incendies en Australie.

Mais, nous devons marteler que nous avons les cartes en main pour changer la donne et que des solutions existent, commencent à se déployer  et les faire connaitre, sinon je crains que beaucoup de nos concitoyens et surtout beaucoup de nos jeunes baissent les bras et se disent à quoi bon. J’en ai entendu beaucoup et j’en entends encore trop, parmi les divers étudiants et même les jeunes executifs que je côtois qui adoptent cette posture passive, voire déprimée face à l’avenir. 

Répondons aux enjeux de la génération climat : ne renonçons pas à notre potentiel de créativité et d’innovation !

J’observe que ce modèle de frugalité, en soi tout à fait respectable est  bénéfique au regard de l’onde de choc salutaire qu’il génère, revêt une certaine défiance au regard du levier que représente notre capacité d’action et d’innovation face à la lutte contre le changement climatique, voire en faveur du Développement Durable dans l’ensemble de ses composantes économique, sociétale et écologique.

Je lis aussi parfois que certains de ses tenants en appelle à une certaine forme de gouvernance mondiale au nom de l’impératif écologique. Là encore ces discussions avaient déjà lieu dans les années 1990, mais plusieurs points de vues se côtoyaient et les risques étaient pointés du doigt.

En effet rien n’est moins sûr qu’une gouvernance mondiale au nom de l’écologie soit compatible avec un développement qui doit, pour être durable, tenir compte aussi des spécificités culturelles et sociétales. De plus beaucoup de pays proposent des solutions originales et propres à leur contexte, je pense notamment à l’Inde ou encore en France où certaines régions ont engagé des solutions tout à fait innovantes. Une gouvernance mondiale peut malheureusement faire écho avec une dictature mondiale dont d’autres pointent le danger en lien avec l’autre transition que nous vivons, à savoir la transition digitale.

Il me semble personnellement plus « soutenable » d’encourager, de faire connaitre toutes les solutions et les innovations qui se multiplient dans tous les secteurs, dans beaucoup de collectivités locales et de pays. Il s’agit aussi de donner envie à tous  les jeunes de se lancer dans cette aventure excitante de construction réelle (et non pas seulement virtuelle) d’un nouveau monde, de nouvelles entreprises, de nouveaux territoires.

D’ailleurs beaucoup se lancent avec passion dans cette aventure, si l’on en juge par exemple par les nombreuses jeunes pousses  nommées pour intégrer le French Tech 120 et qui œuvrent pour le  développement durable . Je pourrai aussi donner les exemples d’entreprises comme Bilum (que j’ai croisé lors du denier séminaire que j’ai organisé autour de l’économie circulaire au sein d’INSEEC U et qui donnera lieu à un ouvrage collectif) qui connaissent un développement florissant en donnant une seconde vie aux matières pour des créations originales et qui, dans ce cadre, recycle les toiles des grands panneaux publicitaires de Publicis.  J’ai aussi donné de véritables réussites dans cette voie en Afrique particulièrement, et bien encore davantage en Chine par le biais de smarts cities très originales.

Alors, dans les débats médiatiques, j’aimerais que l’on considère et surtout que l’on exhorte cette activité naturelle de l’homme qu’est la créativité, comme un des moyens qui, en association avec d’autres, pourrait nous permettre de relever ensemble les défis que posent la génération climat. 

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